La naissance d’un bébé… Existe-t-il quelque chose au monde de plus magique, de plus exceptionnel? Donner la vie, mettre un petit être humain au monde, c’est loin d’être quelque chose de banal, même si les femmes donnent naissance depuis le début de notre existence, même si des milliers de bébés naissent chaque jour partout sur la planète. La naissance a un sens sacré, qui tend parfois à être oublié.
Je ne ferai pas l’historique des pratiques d’accouchement de notre société de long en large, tel n’est pas l’objet de cet article. Je mentionnerai par contre que la médicalisation de l’accouchement, si elle a amené des progrès indéniables et sauvé plusieurs vies, a malheureusement aussi causé un recul à certains niveaux et parfois mis de côté l’aspect « humain » de la naissance.
Bien sûr, les pratiques ont évolué et on a abandonné (ou du moins diminué la fréquence) des pratiques aussi inhumaines qu’inutiles (jeûne pendant l’accouchement, mère endormie et attachée, mère et bébé séparés à la naissance et pendant le séjour, …). Mais il reste beaucoup à faire pour humaniser la naissance et surtout pour remettre le pouvoir de l’accouchement entre les mains des principaux concernés : la mère, le père et le bébé!
Pourquoi « humaniser la naissance » ? Si déjà la majorité des femmes sont satisfaites de leur expérience d’accouchement, n’est-ce pas le plus important? Pourquoi chercher plus loin?
La naissance d’un enfant est un événement qui changera la vie d’un homme et d’une femme, qui aura une signification profonde dans leur quotidien. Bien souvent, ce sera le moment le plus intense de leur vie. Il est donc logique de s’y préparer adéquatement! Le choix du prénom de l’enfant, des couleurs de la chambre de bébé et l’achat de ses premiers petits vêtements sont souvent remplis d’enthousiasme et de fébrilité, mais qu’en est-il de la préparation physique et mentale de l’accouchement et de tout ce qui s’ensuit?
Si les études montrent que la majorité des femmes se considèrent bien informées face à la grossesse et à l’accouchement, il suffit de questionner les futurs ou les nouveaux parents à ce sujet pour réaliser que l’information reçue (des professionnels de la santé, des cours prénataux, des livres, des proches…) est souvent incomplète ou pire, biaisée. Bien souvent, les gens se contentent des informations de base et pour le reste, ils choisissent de faire confiance au médecin, au gynéco, à l’infirmière (qui savent tout, n’est-ce pas?)…
Pourtant, il ne s’agit pas d’une maladie! Les spécialistes de la santé sont habituellement ceux qui interviennent quand ça va mal; ils sont formés pour cela! Une naissance sans complications, y a-t-il lieu de la médicaliser, quand tout va bien? Est-ce vraiment une garantie d’améliorer les choses?
Avec une telle philosophie, on en est venu à banaliser énormément les différentes interventions, à les accepter d’emblée sans se questionner et même à les surestimer, souvent. Environ 1 femme sur 4 accouche par césarienne au Canada; près de la moitié des accouchements (n’incluant pas les césariennes planifiées) ont été déclenchés ou accélérés artificiellement; le trois-quarts des femmes (n’incluant pas celles ayant eu une césarienne planifiée) ont eu recours à la médicamentation pour soulager la douleur… N’y a-t-il pas lieu de se questionner sur ces statistiques? Est-il vraiment normal et banal de médicaliser un grand nombre d’accouchements? Bien sûr, comme je l’ai dit précédemment, il y a des cas où ces interventions ont pu sauver des vies, il n’est aucunement question ici de leur enlever ce crédit. Mais on ne peut nier qu’en majorité, ce sont les pratiques hospitalières et les interventions elles-mêmes qui rendent l’accouchement critique, en arrivant alors à devoir intervenir à nouveau pour remédier aux effets qu’elles ont apportés…
L’humanisation des naissances, c’est en partie ça aussi, se questionner sur les interventions. On entend souvent « l’important, c’est que bébé soit en santé ». Le plus important, sans doute, mais est-ce à dire que le reste n’a aucune valeur? Qui accepterait, dans d’autres conditions, de recevoir une foule d’interventions sans se questionner sur leur raison d’être, sans être conscient de tous les avantages et inconvénients qu’elles impliquent? Faire confiance au personnel médical et respecter leur travail ne devrait pas signifier qu’on ne doit pas s’informer adéquatement pour faire des choix éclairés!
La naissance de votre bébé devrait être à votre image, pas à celle de l’hôpital où vous accouchez ou à celle du médecin qui vous prendra en charge! La bonne nouvelle, c’est que c’est possible! Pour cela, il faut pourtant se préparer en conséquence.
Karine Murphy, accompagnante à la naissance et collaboratrice précieuse du Karma Boréal